Le paludisme : comment cette maladie affecte-t-elle votre corps ?
Le paludisme, parfois appelé malaria, est une maladie sournoise qui peut toucher n’importe qui. Pour mieux comprendre cette maladie, imaginez votre corps comme un royaume bien défendu. Dans ce royaume, les globules rouges (qui sont les principaux constituants du sang) sont comme de vaillants ouvriers qui transportent l’oxygène essentiel à tous les habitants du royaume (tous les organes de votre corps).
Cependant, il y a un ennemi rusé qui se cache dans certains ouvriers, le microbe appelé « Plasmodium ». Ce microbe est transmis par la femelle d’un type de moustiques appelé « Anophèle ». Lorsque ce moustique pique un individu qui est porteur du plasmodium, il pourra désormais transmettre ce microbe à un autre individu qu’il ira piquer par la suite. Le Plasmodium est donc comme un espion qui s’infiltre dans le royaume à travers des piqûres de ce moustique particulier.
Après cette piqûre, le Plasmodium se faufile vers un organe appelé le foie, où il se multiplie secrètement (le foie devient comme une usine de multiplication de ces espions). Ensuite, ces espions sont libérés et attaquent les globules rouges, les transformant aussi en usines de multiplication d’espions. Chaque fois qu’un globule rouge est rempli d’espions, il va exploser comme une bombe, libérant tous les nouveaux espions qui iront encore chacun infecter d’autres globules rouges. La bataille va donc s’intensifier dans tout le royaume. C’est à ce stade que les symptômes (signes) du paludisme se manifestent.
Les éclatements de globules rouges vont causer de la fièvre (température élevée et sensation de froid), des frissons (grelottements), des maux de tête, la fatigue, les douleurs des muscles et articulations, car le royaume est en guerre contre ces envahisseurs. En détruisant les globules rouges, le plasmodium détruit les principaux constituants du sang, raison pour laquelle à l’hôpital on pourra constater une anémie (c’est-à-dire un manque de sang) qui peut être légère ou sévère en fonction de la gravité des dégâts du plasmodium.
Les déchets produits par cette guerre peuvent devenir difficiles à éliminer par les reins de la personne malade (les reins sont les organes « chefs de l’équipe de ménage » dans le corps). Si cela arrive, on dira que le paludisme s’est compliqué d’une « insuffisance rénale aigue ». Si rien n’est fait rapidement pour renforcer l’armée du royaume, le plasmodium va l’envahir et causer d’autres complications graves comme les vomissements très répétés, les convulsions si le cerveau est touché (c’est ce qu’on appelle paludisme cérébral ou encore neuropaludisme), et la personne malade peut décéder.
La bataille contre le paludisme : quelles astuces pour la victoire ?
Astuce 1 : la prévention
Il est important de noter que la prévention reste l’arme ultime contre le paludisme. Votre professionnel de santé pourra vous dire quelle astuce vous convient en fonction de votre lieu de résidence et autres informations spécifiques. Néanmoins il existe des mesures essentielles pour protéger le royaume corporel contre le paludisme :
- Des Moustiquaires Imprégnées d’insecticides à Longue Durée d’Action (MILDA) qui peuvent être considérées comme des boucliers lorsque vous allez vous coucher la nuit,
- Des répulsifs (crèmes, spray etc.) qui peuvent être considérés comme une armure
- Des médicaments prophylactiques qui peuvent être considérés comme des potions magiques lorsque vous voyagez dans des régions à risque
- Les vaccins contre le paludisme : ils sont comme une éducation militaire pour l’armée du royaume afin de repousser les envahisseurs de manière plus efficace. Un exemple de vaccin contre le paludisme est le vaccin RTS,S/AS01, également appelé Mosquirix. Bien que ce vaccin ne garantisse pas une protection totale, il renforce la résistance du royaume, réduisant le risque de maladie grave en cas d’infection par le plasmodium. Le Cameroun compte introduire ce vaccin dans le calendrier vaccinal des enfants de 06 à 24 mois dans les prochains jours.
Astuce 2 : le traitement
Si vous ressentez des symptômes tels que fièvre, frissons, maux de tête, fatigue intense, et autres décrits dans l’article, consultez rapidement un médecin. Il vaut mieux poser le diagnostic tôt c’est-à-dire confirmer que le plasmodium est responsable de vos symptômes, parce que cela permettra de commencer le traitement tôt, et donc d’empêcher le plasmodium d’envahir votre corps ou de causer plus de dégâts.
Si le médecin confirme le diagnostic de paludisme, respectez les recommandations de traitement qu’il vous prescrira. Les médicaments contre le paludisme sont efficaces, mais leur efficacité dépend du niveau de gravité de la maladie au moment du diagnostic. Seul le médecin saura quel type de traitement sera efficace pour votre situation. Si vous ne prenez pas bien le traitement pendant le nombre de jours recommandés par le médecin, ce traitement incomplet va seulement blesser le plasmodium sans le tuer. Vous aurez l’impression d’aller bien pendant le temps où le plasmodium sera entrain de soigner sa blessure, mais quelques temps après, vous allez rechuter, parce que le plasmodium va reprendre le dessus sur votre corps et de manière plus méchante, un peu comme un lion qui a été blessé et qui revient se venger.
Même après un traitement contre le paludisme, soyez attentif à tout symptôme qui persiste et communiquez avec votre médecin si vous êtes inquiets, car les signes du paludisme peuvent également être causés par d’autres maladies. La persistance d’un symptôme après un bon traitement peut traduire la présence d’une autre maladie, mais peut aussi être l’expression de la fatigue de votre corps après le combat contre le plasmodium. Le médecin vous dira quoi faire pour aller mieux.
Que faut-il retenir ?
- Le paludisme est une maladie très grave qui peut attraper et tuer les enfants et les adultes.
- La prévention, le diagnostic rapide et le respect du traitement sont les clés pour gérer le paludisme de manière efficace.
- Il faut prendre au très au sérieux les mesures de prévention recommandées dans votre pays ou pour votre situation.
- Il faut rester vigilant(e), même après un traitement bien suivi.
- Les vaccins contre le paludisme, bien que prometteurs, ne remplacent pas les mesures préventives ordinaires, mais ils sont un atout supplémentaire pour renforcer la défense de votre royaume contre cette maladie dévastatrice.
Dans notre prochain article sur le paludisme, nous parlerons du vaccin Mosquirix. N’hésitez pas à laisser un commentaire (ou à poser des questions) si vous avez trouvé cet article utile, et de le partager pour édifier quelqu’un d’autre. A bientôt !
Dr Christelle Mpoulet, Rédactrice Freelance (production de contenus médicaux alliant rigueur scientifique et clarté rédactionnelle pour une communication en santé efficace et impactante)
Photo: NIAH via Iwaria
6 commentaires
Merci beaucoup pour ces informations enrichissantes Doc🙏🏾
Je me suis crue en train de vivre un film d’action digne de ce nom.
C’est incroyable ce qui se passe ou peut se passer dans notre corps. Merci beaucoup Docteur pour tous ces enseignements et conseils.
Merci content interessant mais pourquoi les moustiques se developpement plus a Douala au Cameroun par rapport a d autre villes du Cameroun d au? Que faut il faire dans son Environnement si la 1 er question a une reponse. Ceci dans l aspect de son Environnement. Merci
Bonjour Edvard, merci pour votre question. Plusieurs choses favorisent la présence de moustiques à Douala, je vais en citer quelques unes :
– Le climat chaud et humide de Douala, qui est idéal pour les moustiques ;
– Le relief plat de cette ville qui favorise la stagnation de l’eau ;
– L’insalubrité entraîne l’obstruction des voies de canalisation des eaux usées et favorise davantage la stagnation de ces eaux ;
Tous ces facteurs contribuent à créer un environnement propice au développent des moustiques.
Si vous voulez réduire la quantité de moustiques dans votre environnement à Douala, voici ce que vous pouvez faire :
– Éliminez les endroits où l’eau stagne, comme les pots de fleurs ou les récipients abandonnés, les rigoles bouchées aux alentours de votre lieu d’habitation (ou lieu de travail…).
– Utilisez des grillages de petites mailles sur les fenêtres et gardez les portes de la maison le plus souvent fermées surtout lorsque la soirée arrive, pour diminuer le nombre de moustiques qui entrent chez vous.
– Utilisez des insecticides, pour tuer les moustiques qui sont déjà entrés chez vous
– Portez des vêtements longs et utilisez des produits répulsifs anti-moustiques lorsque vous êtes à l’extérieur (véranda, cour etc).
– Évitez de laisser de la nourriture ou des boissons ouvertes dehors, car cela attire les moustiques
– Dormez sous moustiquaire
Bien expliqué avec les mots qu’il faut Dr,
Bravo
Merci beaucoup pour ces encouragements😊